cf. LeMonde.fr
Robert Pattinson, le vampire revenu parmi les mortels dans une limousine funèbreIl a cru ne jamais s'en sortir. Il allait rester pour toujours un vampire adolescent, hanté par sa libido, fascinant les jeunes filles et certain, à terme, de n'intéresser personne. Robert Pattinson fait le compte sur les doigts de sa main : Twilight : chapitre I ; Twilight : chapitre II ; Twilight : chapitre III ; Twilight : chapitre IV, 1repartie ; Twilight : chapitre IV, 2e partie, qu'il vient de terminer. Bientôt, il lui faudra utiliser sa main gauche pour poursuivre le compte.
Quand il a reçu le scénario de Cosmopolis par David Cronenberg, il a cru à une blague. Un coup de téléphone du réalisateur canadien l'a encore davantage déstabilisé, comme s'il se trouvait projeté dans une réalité parallèle où la star deTwilight se trouverait par magie débarrassée de ses casseroles.
Une fois déjà, l'acteur avait cru parvenir à quitter son ghetto. Il avait passé une audition pour un film d'Abel Ferrara. Le réalisateur n'avait plus réalisé de film digne de ce nom depuis quinze ans, l'acteur le savait mais se disait qu'il tenait là une opportunité. De son aveu, il a été excellent lors de l'audition. Son téléphone n'a pourtant jamais sonné. "Je n'en revenais pas quand Cronenberg m'a contacté. A un moment, un autre comédien était sur le rôle, je pensais que le train allait passer sans moi, puis non, c'était mon tour. Là, j'ai eu la trouille."
L'acteur britannique le reconnaît. Il n'a pas tout compris du scénario. La lecture de Cosmopolis de Don DeLillo n'a rien arrangé. "Ce ne serait pas honnête de vous dire le contraire. A des moments, j'ai eu du mal. J'ai été sensible à son style, mais certaines idées restent opaques."
"L'impression d'exister"
Le scénario dérivait directement du roman, d'une fidélité déconcertante et pourtant totalement adapté pour l'écran, comme si Cronenberg en avait subtilement déplacé le centre de gravité pour le plier à ses exigences de cinéaste. "Il ne m'a pas vraiment donné d'indications avant le tournage. Ni pendant d'ailleurs. Cronenberg parle si peu. Il m'a fait comprendre qu'un angle de caméra m'amènerait à modifier mon jeu. Il avait raison. J'étais pour la première fois confronté à un phénomène que j'ignorais. D'ordinaire, au bout de deux jours de tournage, un metteur en scène n'a plus qu'une idée vague du film qu'il veut faire. J'en ai tellement croisé qui se demandaient de quoi parlait le film dont ils étaient pourtant l'auteur. Cronenberg avait son film en tête. Et ça fait beaucoup de bien."
La limousine dans laquelle circule, un matin d'apocalypse à New York, le trader surpuissant qu'incarne Robert Pattinson, voyant peu à peu le monde dont il pensait avoir la propriété lui glisser entre les mains, est longtemps apparue comme un cercueil dont le comédien ne pensait jamais sortir. "Cronenberg m'avait affublé de lunettes de soleil. Vous n'avez pas idée à quel point il est déstabilisant pour un comédien d'être privé de ses yeux. Puis la limousine est devenue le centre du film, à l'intérieur de laquelle apparaissaient d'autres comédiens, Juliette Binoche par exemple, que je n'aurais jamais cru croiser un jour. Là, enfin, j'ai eu l'impression d'exister. C'était peut-être la première fois."
Depuis le succès de Twilight, les producteurs lui expliquent qu'il constitue une"valeur refuge sur les marchés étrangers", une manière polie de lui faire comprendre qu'un film peut se financer sur son seul nom. La valeur Pattinson reste relative, ce qui le fait sourire.
Quand il a passé les auditions de The Rover, le prochain film de David Michod (le réalisateur australien d'Animal Kingdom, l'un des plus remarquables films policiers de la décennie), Robert Pattinson a dû passer les auditions. "J'ai attendu sept heures, mais j'y suis arrivé. On m'a pris, et ce sera un grand film." Quand il dit cela, il dresse la tête avec la fierté de celui qui a décroché son rôle avec les dents, conscient que rien ne lui sera offert sur un plateau.
translation of some bits... found on RPL...
The limo in which travels the powerful trader (played by Robert Pattinson), on an apocalyptic morning in New York, - where he sees from time to time the world he thought he possessed, slipping through his fingers - felt for a long time like a coffin for the actor, who though he would never get out of.
"Cronenberg disguised me with sunglasses. You have no idea how unsettling it is for an actor to be deprived of their eyes. Then the limo became the center of the film, where all the actors would appear in, one by one. Like Juliette Binoche, for example, who I never thought I would meet one day. That is when, I finally felt liked I existed. It might have been the first time."
When he auditioned for The Rover, the next David Michod (the Austrlian director of Animal Kingdom, one of the most remarkable police movie of the decade): "I waited for seven hours, but I made it. They chose me and it's going to be a great movie." When he said that, he held his head high with the pride of someone who landed the role using his teeth, aware that nothing will be offered to him on a plate.
source: LeMonde.fr
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